Rolland (1895)

Fonte:
Romain Rolland, Histoire de l'opéra en Europe avant Lully et Scarlatti: les origines du théatre lyrique moderne, Paris, Thorin, 1895.

«Je me permets d'adresser tous mes remerciements à ceux qui, au cours de ma mission en Italie, m'ont facilité, par leurs conseils ou par leurs collections, ces recherches artistiques; à M. le professeur Riccardo Gandolfi, bibliothécaire du R. Istituto musicale de Florence; au Rev.dmo Padre Priore Dom Ambrogio Amelli, supérieur du Mont-Cassin; à S. E. le prince Chigi. J'ai une reconnaissance toute spéciale à M. le cavalier Berwin, le savant directeur de la bibliothèque S. Cecilia, à Rome, dont j'ai mis si souvent à contribution l'érudition sûre et l'obligeance infatigable.
J'ajouterai un regret: c'est d'avoir pu constater dans trop de bibliothèques, un esprit étroit et hostile au travail, qui n'est plus de notre temps. Entre toutes, je nommerai celle du Conservatoire de Naples.
                                                                                                    Février 1894.»
(Romain Rolland, Histoire de l'opéra, p. 1. Il volume costituisce la tesi di dottorato di Rolland, che era stato due anni borsista dell’École française de Rome e menziona varie altre biblioteche italiane, pubbliche e private, in cui aveva lavorato, fra le quali la Barberini di Roma).

«Au reste, c'est à peine s'il faut le regretter; car «quod non fecerunt barbari, fecerunt... bibliothecarii»; et (à l'exception de quelques villes, parmi lesquelles je m'empresse de nommer Rome, Florence et Venise), il est tout à fait indifférent pour les artistes que les oeuvres de [Giacomo] Carissimi existent encore en Italie, puisqu'il est défendu de les lire. C'est ainsi que le Liceo musicale de Bologne détient une Messe autographe de Carissimi à huit voix dont il est interdit de transcrire une note (2).

(2) Le veto s'étend naturellement à tous les manuscrits quels qu'ils soient, ou du moins à ceux qui ont «une certaine importance», comme le dit la lettre que j'ai eu l'honneur de recevoir du municipe de Bologne, et que je m'empresse de transcrire:

«Libertas.                                                                                  19 maggio 1893.
»   Ill.mo Signore,
»Sono dispiacente di doverle significare che la dimanda dalla S. V. diretta all'Ill.mo Signor Sindaco non può essere esaudita, non accordando questo municipio per deliberazionc di massima più volte confirmata, facoltà di trascrivere manoscritti della Biblioteca del Liceo Musicale che abbiano una peculiare importanza.
»                                                             Con distinta osservanza, dev.mo,
»                                                                                         Il capo-ufficio. »

On me donna de cette mesure une raison singulière: la Ville voulait se réserver le monopole de ses manuscrits ignorés, pour maintenir la célébrité de son conservatoire. Il me semblerait plus sûr de l'illustrer par de nouveaux chefs-d'oeuvre, que d'y enterrer les anciens. Il est vrai que cela est moins aisé.
Au Conservatoire de S. Pietro a Majella de Naples, le veto ne s'étend pas seulement aux manuscrits, mais à tout livre, quel qu'il soit. Je me suis amusé à demander la permission de copier une page du Barbier de Séville de Rossini (édition courante), pour me l'entendre refuser.»
(ivi, p. 183-184).

«Francesco Provenzale est né vers 1610. [...] C'est à peine s'il signait ses musiques [...]. Il n'est donc pas douteux que beaucoup de ses oeuvres ne soient perdues dans les bibliothèques et les archives de la province de Naples, sous l'anonyme, ou même sous un nom d'emprunt. Le manque de liberté du travail et l'ignorance des bibliothécaires les y maintiendra sans doute encore longtemps.»
(ivi, p. 188-190).

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